Louve
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Au plus profond
Au tréfonds de mon être balbutiant les premiers mots du monde
Je crie ton nom liberté
Et je te cherche
Je te cherche intensément
Ma carapace a laissé place
A un peau diaphane
Aux reflets utérins
Tissée par le fil des jours
De notre vivre ensemble
Homme nu
Eperdument beau
Je me blottis au creux de toi
Et je respire
Je respire
Ton souffle
Le corps des mots
M’aide à sculpter ta présence
Faite de regards, d’absence et de retours
Tu es mon nord
Je crie ton nom
Plein sud de ma vie
Comme un Christ qui a perdu sa croix
Je cherche la vérité
Et la rédemption est proche
Et je pleure
Je pleure pour toutes celles
Dont la bouche est baillonnée
A tout jamais dans le silence des tombes grises
Je pleure pour celles qui sont mortes
Dans le silence de leur tour
Incomprises
Leur toison tondue par les bourreaux
Ces fous au regard abruti par l’ignorance
Sanguinaires
Malades de leur illusion
Avides de l’extermination
Je caresse le vent
Qui caressait leurs cheveux de femmes
J’ai dansé au clair de la lune
Dans les clairières
Où la lumière du feu
Eclate en étincelles joyeuses et crépitantes
J’ai marché
J’ai marché
Femme
Debout
La fleur au fusil
Et le regard rêveur
Toujours
Debout
Le regard franc
Debout
Dans une insouciance renouvelée
Debout
Même si le sang a déjà si souvent coulé
Au cœur des entrailles de toutes mes sœurs absentes
Le soleil est rouge
L’homme est assis sur une pierre
Les mains sur les yeux
Il sanglote
Viens homme
Lève-toi
Le soleil point
Tu es là
Et demain s’approche
J’ai dressé l’autel de mon désir entre deux bougies
Vacillantes dans la clarté de l’aube naissante
J’ai gratté la terre de ma tombe
J’ai soulevé le lourd velours de mes paupières
Homme des rizières fécondes
Homme des lendemains
Tu es là au présent
Et je souris
Je t’espérais depuis si longtemps
J’ai respiré
Les effluves salées
Des larmes d’océans vert émeraude
Englouti les ouragans des violences d’hier
J’ai caressé le lourd voile incandescent
De nuits passées au chevet de mes turbulences
J’ai marché les nuits de pleine lune
Hurlé le long des chemins aveugles
Des landes hirsutes et piquantes
Dangereuses
Caressé le vent la lune et le lilas
J’ai arpenté les routes la louve à mes côtés
Aux aguets
Parmi les hordes de fous
M’invitant à la course folle
Je vous aime
Femmes
Sœurs
Amantes
Mères
Servantes
Filles
Princesses
Louves
Je vous aime
Sutton, Février 2012, in Femmes, recueil poétique