Louve

  • Marie Verreaux

 

Au plus profond

Au tréfonds de mon être balbutiant les premiers mots du monde

Je crie ton nom liberté

Et je te cherche

Je te cherche intensément

Ma carapace a laissé place

A un peau diaphane

Aux reflets utérins

Tissée par le fil des jours

De notre vivre ensemble

Homme nu

Eperdument beau

Je me blottis au creux de toi

Et je respire

Je respire

Ton souffle

Le corps des mots

M’aide à sculpter ta présence

Faite de regards, d’absence et de retours

Tu es mon nord

Je crie ton nom

Plein sud de ma vie

Comme un Christ qui a perdu sa croix

Je cherche la vérité

Et la rédemption est proche

Et je pleure

Je pleure pour toutes celles

Dont la bouche est baillonnée

A tout jamais dans le silence des tombes grises

Je pleure pour celles qui sont mortes

Dans le silence de leur tour

Incomprises

Leur toison tondue par les bourreaux

Ces fous au regard abruti par l’ignorance

Sanguinaires

Malades de leur illusion

Avides de l’extermination

Je caresse le vent

Qui caressait leurs cheveux de femmes

J’ai dansé au clair de la lune

Dans les clairières

Où la lumière du feu

Eclate en étincelles joyeuses et crépitantes

J’ai marché

J’ai marché

Femme

Debout

La fleur au fusil

Et le regard rêveur

Toujours

Debout

Le regard franc

Debout

Dans une insouciance renouvelée

Debout

Même si le sang a déjà si souvent coulé

Au cœur des entrailles de toutes mes sœurs absentes

Le soleil est rouge

L’homme est assis sur une pierre

Les mains sur les yeux

Il sanglote

Viens homme

Lève-toi

Le soleil point

Tu es là

Et demain s’approche

J’ai dressé l’autel de mon désir entre deux bougies

Vacillantes dans la clarté de l’aube naissante

J’ai gratté la terre de ma tombe

J’ai soulevé le lourd velours de mes paupières

Homme des rizières fécondes

Homme des lendemains

Tu es là au présent

Et je souris

Je t’espérais depuis si longtemps

J’ai respiré

Les effluves salées

Des larmes d’océans vert émeraude

Englouti les ouragans des violences d’hier

J’ai caressé le lourd voile incandescent

De nuits passées au chevet de mes turbulences

J’ai marché les nuits de pleine lune

Hurlé le long des chemins aveugles

Des landes hirsutes et piquantes

Dangereuses

Caressé le vent la lune et le lilas

J’ai arpenté les routes la louve à mes côtés

Aux aguets

Parmi les hordes de fous

M’invitant à la course folle

Je vous aime

Femmes

Sœurs

Amantes

Mères

Servantes

Filles

Princesses

Louves

Je vous aime

 

Sutton, Février 2012, in  Femmes, recueil poétique

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