Des nuées…

  • Marie Verreaux

L’enfant est allongée sur une grosse roche grise. Le doux murmure des vagues ruisselle sur son corps inerte.

Plus rien d’autre n’existe.

Apaisement.

Seule sa poupée repose à ses côtés, les cheveux synthétiques épars et flottants au vent marin.

Pour Emma, elle est tout ce qu’elle aime.

Sa poupée. Celle qu’elle serre fort le soir lorsqu’elle a peur parce qu’il fait tout noir comme dans un cercueil.

Mais tout va bien maintenant. Ici, elle n’encourt plus aucun risque.

Le souffle du vent la caresse telle une voix susurrant l’air d’une berceuse ancienne.

Calme.

Elle n’entend plus que l’écho lointain des cris de cormorans qu’elle a dessinés dans le ciel.

Son corps tout entier résonne au rythme de la marée, elle se fond dans cette mer, dans chaque grain de sable humide, dans chaque coquillage, dans chaque roche.

Elle devient l’enfant-paysage de son rêve.

L’odeur salée de la marée a envahi tout l’espace. Sur la robe de sa poupée se reflète un croissant de lune mouillé par les flots.

Noire est la couleur d’Emma.

 

Extrait, première partie, in L'enfant nue

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